Sale An Apartment Overlooking the Seine - 25 november 2022 /Lot 42 Paire de gourdes, Bianhu, Chine, dynastie Qing, marque et époque Qialong (1736-1795)

  • TRÈS RARE PAIRE DE GOURDES EN PORCELAINE MONOCHROME BLEU, BIANHU, CHINE, DYNASTIE QING, MARQUE ET ÉPOQUE QIANLONG (1736-1795) La mon...
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TRÈS RARE PAIRE DE GOURDES EN PORCELAINE MONOCHROME BLEU, BIANHU, CHINE, DYNASTIE QING, MARQUE ET ÉPOQUE QIANLONG (1736-1795) La monture très probablement anglaise attribuée à Benjamin Lewis Vulliamy (1780-1854)
La panse bombée, les deux côtés moulés en léger relief de deux larges panneaux suivant la forme du vase, flanquée de deux perroquets formant les anses, le col droit cerné d'un anneau en léger relief dans la partie inférieure, le pied à section ovale largement évasé, le dessous et l'intérieur émaillés blanc, marque à six caractères Qianlong à la base, la monture en bronze ciselé et doré, le col cerné d'une bague à motif de rinceaux stylisés, flanqué de dragons, le corps orné d'un réseau de guirlandes à cabochons et fleurons retenant un motif en entrelacs, la base ajourée d'entrelacs géométriques et scandés de motifs floraux dans des réserves ; un col restauré
H. (vase) : 31,5 cm (12 1/2 in.)
H. (totale) : 43,5 cm (16 1/4 in.)

Provenance :
James de Rothschild (1792-1868) au Château de Ferrières ;
Vente Sotheby's Monaco, Meubles et objets d'art provenant de l'Hôtel Lambert et du Château de Ferrières, appartenant au Baron de Redé et Baron Guy de Rothschild, les 25-26 mai 1975, lot 215 ;
Vente à Paris, hôtel Drouot, Couturier Nicolay, le 16 juin 1993, lot 105 ;
Collection privée puis par descendance jusqu'au propriétaire actuel.

A very rare pair of ormolu-mounted blue-glazed flask-form vases, Bianhu, China, Qing dynasty, Qianlong mark and period (1736-1795), the mounts most probably English, attributed to Benjamin Lewis Vulliamy (1780-1854)

Cette exceptionnelle paire de gourdes impériales d'époque Qianlong (1736-1795), est ornée d'une monture de bronze doré dans le goût Renaissance et d'inspiration sinisante. Elles illustrent parfaitement le goût de la famille Rothschild, dans les collections de laquelle nous les retrouvons pendant plus d'un siècle.

Les collections d'Alphonse de Rothschild

Mayer Alphonse de Rothschild (1827-1905), fils aîné du fondateur de la branche française, joue un rôle politique et économique majeur dans la seconde moitié du XIXe siècle et conforte, par son goût et son raffinement, l'héritage artistique familial. Il fera de l'ancien hôtel de Talleyrand situé rue Saint Florentin, qu'il occupe dès 1857, l'écrin somptueux de ses collections.

Héritant du Château de Ferrières en 1868, il incarne parfaitement "l'âge d'or des collections Rothschild" (1) par son intérêt pour les peintres du Nord et pour les arts décoratifs du XVIIIe siècle, avec une prédilection toute particulière pour les objets à provenance royale.

Le château de Ferrières

James de Rothschild, fils de Mayer Anschel Rothschild (1744-1812), crée la branche française de la famille Rothschild en venant s'installer à Paris en 1811. En 1847, sous la Monarchie de Juillet, il sera, avec le roi, l'homme le plus riche de France.

En 1829 il fait appel à l'anglais James Paxton (1803-1865), l'un des architectes les plus réputés de son époque, pour concevoir le château de Ferrières qu'il édifiera entre 1853 et 1861 dans un pur style Néo-Renaissance. La décoration intérieure est confiée à Eugène Lami (1800-1890), peintre et décorateur de la famille d'Orléans. La conception du château illustre à la fois le goût pour l'anglomanie qui se répand alors parmi les élites françaises et pour le passé national par son décor inspiré de la Renaissance.

Parmi les principales réalisations du célèbre architecte, rappelons les serres du château de Chatsworth, celles du Château de Pregny, autre résidence de la famille Rothschild près de Genève, et son œuvre majeure, la construction du Crystal Palace pour l'Exposition Universelle de 1851.

Le Château de Ferrières reste dans la famille jusqu'en 1975 lorsque le baron Guy de Rothschild et son épouse Marie-Hélène le lèguent à la chancellerie des universités de Paris. C'est dans cette même année que nous retrouvons notre paire de gourdes dans une vacation orchestrée par Sotheby's Monaco autour du contenu du Château de Ferrières et de l'Hôtel Lambert, autre célèbre demeure de la famille Rothschild, située sur l'Ile Saint-Louis. Nous pouvons donc imaginer que nos vases demeurent à Ferrières jusqu'à cette date.

Vulliamy, fournisseurs de bronze

La riche monture qui orne notre paire de vases, caractérisée par un vocabulaire décoratif éclectique d'inspiration extrême-orientale, peut être attribuée à la production de la célèbre dynastie de bronziers anglaise Vulliamys. En effet, les britaniques, par l'influence d'Edmund Burke sur l'apparition du mouvement Romantique, apparaissent comme précurseurs dans l'utilisation d'un répertoire fantaisiste et éclectique dans les arts décoratifs, dont on retrouvera l'influence plus tardive en France, avec le goût pour le japonisme.

Dans les années 1820, Benjamin Lewis Vulliamy (1780-1854) (2), à la suite du parrainage obtenu auprès du souverain anglais George IV, travaillera pour le Brighton Pavillon, allégorie de l'exotisme architecturale sinisante.

Geoffroy de Bellaigue nous apprend ainsi qu'en 1812 Benjamin Lewis Vulliamy ajouta un socle en bronze doré à une paire de vases en porcelaine de Chine déjà ornés de bronzes français. Ces socles furent percés et ciselés pour ressembler au décor ajouré chinois (3). Ces vases sont aujourd'hui également conservés dans les collections royales anglaises?(4). Pour la monture, Vulliamy s'inspira peut-être d'un vase en porcelaine de Chelsea au décor imitant la porcelaine japonaise d'Arita monté de bronzes dorés au goût éclectique peut-être français, conservé dans les collections royales anglaises (5). Le socle ajouré présente un même motif en entrelacs inspiré du nœud sans fin tibétain comme les nôtres.

Au début du XIXe siècle, Vulliamy fournit le premier comte de Harewood et son fils Edward Lascelles (mort en 1814). Le roi George IV collectionna également les porcelaines de Chine, essentiellement à fond vert, mais aussi quelques-unes à fond bleu. Beaucoup furent agrémentées de montures de bronze doré, à motif de feuillage, anses ornées de masques, d'animaux fantastiques et de broderies. L'intégrité des vases est toujours respectée.
Ils ne sont pas percés et les anses reposent délicatement sur la porcelaine comme c'est le cas ici.

Parmi leurs clients citons également Henry Pelham Clinton, quatrième duc de Newcastle (1785-1851) dont le contenu de la résidence fut vendu en 1937 par le septième duc. Figuraient dans la vente une paire de vases gourdes en porcelaine de Chine bleu foncé ornées d'une monture de bronzes sur le col et la base, les anses en forme de dragons d'une hauteur de 24 cm (6) qui auraient pu s'apparenter aux nôtres.

La porcelaine

Bianhu désigne un récipient de forme aplatie utilisé pour contenir un liquide.
La forme Bianhu apparait en Chine lors de la période néolithique. Elle est alors en terre cuite. Pendant les Royaumes combattants (475 av. J. C.-221 av. J. C.), la forme et le décor des gourdes Bianhu a continué à évoluer, souvent exécutés en bronze incrusté d'or ou d'argent.

Sous les dynasties Han, Wei et Jin (IIIe av J. C-Ve ap. J. C.), la matière utilisée pour les Bianhu se diversifie. Elles sont en céramique, la forme est moulée, la panse ovale décorée de motifs (étrangers ou lions), deux petites anses apparaissent sur l'épaulement pour les cordes de suspension. Un exemple de la dynastie Jin du Sud (IIIe-IVe siècle) à glaçure céladon Yueyao décoré de masques de lions fait partie des collections du Musée de la Cité Interdite à Pékin (fig. 1) ; Une gourde Bianhu (Pien hu) en bronze du IIe-Ie siècle av. J.C. est conservé à The Art Institute of Chicago (fig. 2) avec la panse moulée en forme de cœur.

Sous les dynasties Sui, Tang, Song, Yuan et Ming, la production de Bianhu est progressivement passée du métal à la céramique et chaque dynastie y imprima un style particulier selon le contexte culturel en vigueur. Un Bianhu des dynasties Sui/Tang (VIIe siècle) en terre cuite émaillée brune avec un décor moulé est conservé au Musée National des Art Asiatiques-Guimet (fig. 3).

Sous la dynastie Qing, la technique a atteint son apogée. L'admiration des empereurs envers les objets archaïques a influencé les potiers des fours impériaux pour la création des formes et décors des céramiques.

Nos vases sont un parfait exemple de l'interprétation de la forme de Bianhu des dynasties Jin et Han. Ils reposent sur un haut pied évasé, les deux faces sont moulées en forme de cœur en léger relief. Deux perroquets sont accrochés sur les deux côtés de chaque côté du cœur (en forme de pêche). L'allusion aux perroquets picorant la pêche (cœur) provient d'un poème de Du Fu (dynastie Tang) symbolisant la paix et la longévité. Ils sont recouverts d'une belle glaçure monochrome bleu qui a commencé à être utilisée lors de la dynastie Yuan (1271-1368). Sous le règne de Qianlong, le bleu a deux tons différents : clair ou foncé, la glaçure est uniforme et épaisse, comme c'est le cas ici.

Deux Bianhu de même forme faisant parties de la collection du Musée de la Cité Interdite de Pékin sont illustrés dans Kangxi, Yongzheng, Qianlong : Qing Porcelain from the Palace Museum Collection : un en porcelaine céladon portant la marque Yongzheng et de la période, p. 273, n° 102 (fig. 4)
et un à glaçure flambée avec le couvercle surmonté d'un animal fabuleux couché, marque et époque Qianlong, p. 450, n° 132 (fig. 5). Un autre à glaçure poudre du thé est illustré par J. Ayers dans Far Eastern Ceramics au Victoria and Albert Museum (7).

Parmi les très rares exemplaires passés en vente citons :
- Une rare gourde très similaire a été vendue par Christie's New York, le 24 mars
2011, lot 1147.
- Une autre gourde identique a été vendue par Sotheby's Hong Kong, le 3 avril 2011,
lot 3624.

(1) P. Prevost-Marcilhacy, Les Rothschild, une dynastie de mécènes en France, Paris, 2016, t. I, p. 130.
(2) G. de Bellaigue, Samuel Parkers and the Vulliamys, purveyors of gilt bronze, The Burlington Magazine, janvier 1997, p.37.
(3) "were pierced and chased to resemble Chinese Openwork made from models made on purpose" Ibid. p 31.
(4) Ibid. p 31.
(5) Ibid. p 31.
(6) Christie's Londres, le 9 juin 1937, lot 143, "A pair of Chinese porcelain bottles 9.1/2 in. High/with bulbous bodies and tapering necks entirely covered in a dark blue glaze, with ormolu dragon handles, lips and bases".
(7) Londres, 1980, n° 216.


Conditions d'achat / Terms of purchase :

Pour pouvoir enchérir sur ce lot, un enregistrement préalable ainsi qu'un déposit devront être effectués auprès de notre Bureau des Enchères (+33 1 42 99 20 51 ; bids@artcurial.com).
Il ne sera pas possible d'enchérir sur internet pour ce lot.

In order to bid on this lot, prior registration and a deposit must be made with our Bids Office (+33 1 42 99 20 51; bids@artcurial.com).
It will not be possible to bid on this lot online.

注:竞标此拍品须在艾德竞标办公室 (+33 1 42 99 20 51; bids@artcurial.com) 预注册并支付押金。此拍品不开放线上竞拍通道。



Estimation 400 000 - 600 000 €



Sold 356,864 €
* Results are displayed including buyer’s fees and taxes. They are generated automatically and can be modified.

Lot 42

Pair of flask-form vases, Bianhu, China, Qing dynasty, Qianlong mark and period (1736-1795)

Sold 356,864 € [$]

TRÈS RARE PAIRE DE GOURDES EN PORCELAINE MONOCHROME BLEU, BIANHU, CHINE, DYNASTIE QING, MARQUE ET ÉPOQUE QIANLONG (1736-1795) La monture très probablement anglaise attribuée à Benjamin Lewis Vulliamy (1780-1854)
La panse bombée, les deux côtés moulés en léger relief de deux larges panneaux suivant la forme du vase, flanquée de deux perroquets formant les anses, le col droit cerné d'un anneau en léger relief dans la partie inférieure, le pied à section ovale largement évasé, le dessous et l'intérieur émaillés blanc, marque à six caractères Qianlong à la base, la monture en bronze ciselé et doré, le col cerné d'une bague à motif de rinceaux stylisés, flanqué de dragons, le corps orné d'un réseau de guirlandes à cabochons et fleurons retenant un motif en entrelacs, la base ajourée d'entrelacs géométriques et scandés de motifs floraux dans des réserves ; un col restauré
H. (vase) : 31,5 cm (12 1/2 in.)
H. (totale) : 43,5 cm (16 1/4 in.)

Provenance :
James de Rothschild (1792-1868) au Château de Ferrières ;
Vente Sotheby's Monaco, Meubles et objets d'art provenant de l'Hôtel Lambert et du Château de Ferrières, appartenant au Baron de Redé et Baron Guy de Rothschild, les 25-26 mai 1975, lot 215 ;
Vente à Paris, hôtel Drouot, Couturier Nicolay, le 16 juin 1993, lot 105 ;
Collection privée puis par descendance jusqu'au propriétaire actuel.

A very rare pair of ormolu-mounted blue-glazed flask-form vases, Bianhu, China, Qing dynasty, Qianlong mark and period (1736-1795), the mounts most probably English, attributed to Benjamin Lewis Vulliamy (1780-1854)

Cette exceptionnelle paire de gourdes impériales d'époque Qianlong (1736-1795), est ornée d'une monture de bronze doré dans le goût Renaissance et d'inspiration sinisante. Elles illustrent parfaitement le goût de la famille Rothschild, dans les collections de laquelle nous les retrouvons pendant plus d'un siècle.

Les collections d'Alphonse de Rothschild

Mayer Alphonse de Rothschild (1827-1905), fils aîné du fondateur de la branche française, joue un rôle politique et économique majeur dans la seconde moitié du XIXe siècle et conforte, par son goût et son raffinement, l'héritage artistique familial. Il fera de l'ancien hôtel de Talleyrand situé rue Saint Florentin, qu'il occupe dès 1857, l'écrin somptueux de ses collections.

Héritant du Château de Ferrières en 1868, il incarne parfaitement "l'âge d'or des collections Rothschild" (1) par son intérêt pour les peintres du Nord et pour les arts décoratifs du XVIIIe siècle, avec une prédilection toute particulière pour les objets à provenance royale.

Le château de Ferrières

James de Rothschild, fils de Mayer Anschel Rothschild (1744-1812), crée la branche française de la famille Rothschild en venant s'installer à Paris en 1811. En 1847, sous la Monarchie de Juillet, il sera, avec le roi, l'homme le plus riche de France.

En 1829 il fait appel à l'anglais James Paxton (1803-1865), l'un des architectes les plus réputés de son époque, pour concevoir le château de Ferrières qu'il édifiera entre 1853 et 1861 dans un pur style Néo-Renaissance. La décoration intérieure est confiée à Eugène Lami (1800-1890), peintre et décorateur de la famille d'Orléans. La conception du château illustre à la fois le goût pour l'anglomanie qui se répand alors parmi les élites françaises et pour le passé national par son décor inspiré de la Renaissance.

Parmi les principales réalisations du célèbre architecte, rappelons les serres du château de Chatsworth, celles du Château de Pregny, autre résidence de la famille Rothschild près de Genève, et son œuvre majeure, la construction du Crystal Palace pour l'Exposition Universelle de 1851.

Le Château de Ferrières reste dans la famille jusqu'en 1975 lorsque le baron Guy de Rothschild et son épouse Marie-Hélène le lèguent à la chancellerie des universités de Paris. C'est dans cette même année que nous retrouvons notre paire de gourdes dans une vacation orchestrée par Sotheby's Monaco autour du contenu du Château de Ferrières et de l'Hôtel Lambert, autre célèbre demeure de la famille Rothschild, située sur l'Ile Saint-Louis. Nous pouvons donc imaginer que nos vases demeurent à Ferrières jusqu'à cette date.

Vulliamy, fournisseurs de bronze

La riche monture qui orne notre paire de vases, caractérisée par un vocabulaire décoratif éclectique d'inspiration extrême-orientale, peut être attribuée à la production de la célèbre dynastie de bronziers anglaise Vulliamys. En effet, les britaniques, par l'influence d'Edmund Burke sur l'apparition du mouvement Romantique, apparaissent comme précurseurs dans l'utilisation d'un répertoire fantaisiste et éclectique dans les arts décoratifs, dont on retrouvera l'influence plus tardive en France, avec le goût pour le japonisme.

Dans les années 1820, Benjamin Lewis Vulliamy (1780-1854) (2), à la suite du parrainage obtenu auprès du souverain anglais George IV, travaillera pour le Brighton Pavillon, allégorie de l'exotisme architecturale sinisante.

Geoffroy de Bellaigue nous apprend ainsi qu'en 1812 Benjamin Lewis Vulliamy ajouta un socle en bronze doré à une paire de vases en porcelaine de Chine déjà ornés de bronzes français. Ces socles furent percés et ciselés pour ressembler au décor ajouré chinois (3). Ces vases sont aujourd'hui également conservés dans les collections royales anglaises?(4). Pour la monture, Vulliamy s'inspira peut-être d'un vase en porcelaine de Chelsea au décor imitant la porcelaine japonaise d'Arita monté de bronzes dorés au goût éclectique peut-être français, conservé dans les collections royales anglaises (5). Le socle ajouré présente un même motif en entrelacs inspiré du nœud sans fin tibétain comme les nôtres.

Au début du XIXe siècle, Vulliamy fournit le premier comte de Harewood et son fils Edward Lascelles (mort en 1814). Le roi George IV collectionna également les porcelaines de Chine, essentiellement à fond vert, mais aussi quelques-unes à fond bleu. Beaucoup furent agrémentées de montures de bronze doré, à motif de feuillage, anses ornées de masques, d'animaux fantastiques et de broderies. L'intégrité des vases est toujours respectée.
Ils ne sont pas percés et les anses reposent délicatement sur la porcelaine comme c'est le cas ici.

Parmi leurs clients citons également Henry Pelham Clinton, quatrième duc de Newcastle (1785-1851) dont le contenu de la résidence fut vendu en 1937 par le septième duc. Figuraient dans la vente une paire de vases gourdes en porcelaine de Chine bleu foncé ornées d'une monture de bronzes sur le col et la base, les anses en forme de dragons d'une hauteur de 24 cm (6) qui auraient pu s'apparenter aux nôtres.

La porcelaine

Bianhu désigne un récipient de forme aplatie utilisé pour contenir un liquide.
La forme Bianhu apparait en Chine lors de la période néolithique. Elle est alors en terre cuite. Pendant les Royaumes combattants (475 av. J. C.-221 av. J. C.), la forme et le décor des gourdes Bianhu a continué à évoluer, souvent exécutés en bronze incrusté d'or ou d'argent.

Sous les dynasties Han, Wei et Jin (IIIe av J. C-Ve ap. J. C.), la matière utilisée pour les Bianhu se diversifie. Elles sont en céramique, la forme est moulée, la panse ovale décorée de motifs (étrangers ou lions), deux petites anses apparaissent sur l'épaulement pour les cordes de suspension. Un exemple de la dynastie Jin du Sud (IIIe-IVe siècle) à glaçure céladon Yueyao décoré de masques de lions fait partie des collections du Musée de la Cité Interdite à Pékin (fig. 1) ; Une gourde Bianhu (Pien hu) en bronze du IIe-Ie siècle av. J.C. est conservé à The Art Institute of Chicago (fig. 2) avec la panse moulée en forme de cœur.

Sous les dynasties Sui, Tang, Song, Yuan et Ming, la production de Bianhu est progressivement passée du métal à la céramique et chaque dynastie y imprima un style particulier selon le contexte culturel en vigueur. Un Bianhu des dynasties Sui/Tang (VIIe siècle) en terre cuite émaillée brune avec un décor moulé est conservé au Musée National des Art Asiatiques-Guimet (fig. 3).

Sous la dynastie Qing, la technique a atteint son apogée. L'admiration des empereurs envers les objets archaïques a influencé les potiers des fours impériaux pour la création des formes et décors des céramiques.

Nos vases sont un parfait exemple de l'interprétation de la forme de Bianhu des dynasties Jin et Han. Ils reposent sur un haut pied évasé, les deux faces sont moulées en forme de cœur en léger relief. Deux perroquets sont accrochés sur les deux côtés de chaque côté du cœur (en forme de pêche). L'allusion aux perroquets picorant la pêche (cœur) provient d'un poème de Du Fu (dynastie Tang) symbolisant la paix et la longévité. Ils sont recouverts d'une belle glaçure monochrome bleu qui a commencé à être utilisée lors de la dynastie Yuan (1271-1368). Sous le règne de Qianlong, le bleu a deux tons différents : clair ou foncé, la glaçure est uniforme et épaisse, comme c'est le cas ici.

Deux Bianhu de même forme faisant parties de la collection du Musée de la Cité Interdite de Pékin sont illustrés dans Kangxi, Yongzheng, Qianlong : Qing Porcelain from the Palace Museum Collection : un en porcelaine céladon portant la marque Yongzheng et de la période, p. 273, n° 102 (fig. 4)
et un à glaçure flambée avec le couvercle surmonté d'un animal fabuleux couché, marque et époque Qianlong, p. 450, n° 132 (fig. 5). Un autre à glaçure poudre du thé est illustré par J. Ayers dans Far Eastern Ceramics au Victoria and Albert Museum (7).

Parmi les très rares exemplaires passés en vente citons :
- Une rare gourde très similaire a été vendue par Christie's New York, le 24 mars
2011, lot 1147.
- Une autre gourde identique a été vendue par Sotheby's Hong Kong, le 3 avril 2011,
lot 3624.

(1) P. Prevost-Marcilhacy, Les Rothschild, une dynastie de mécènes en France, Paris, 2016, t. I, p. 130.
(2) G. de Bellaigue, Samuel Parkers and the Vulliamys, purveyors of gilt bronze, The Burlington Magazine, janvier 1997, p.37.
(3) "were pierced and chased to resemble Chinese Openwork made from models made on purpose" Ibid. p 31.
(4) Ibid. p 31.
(5) Ibid. p 31.
(6) Christie's Londres, le 9 juin 1937, lot 143, "A pair of Chinese porcelain bottles 9.1/2 in. High/with bulbous bodies and tapering necks entirely covered in a dark blue glaze, with ormolu dragon handles, lips and bases".
(7) Londres, 1980, n° 216.


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Sale’s details

Sale: 4303
Date: 25 nov. 2022 14:00
Auctioneer: Stéphane Aubert

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Maxence Miglioretti
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An Apartment overlooking the Seine, Collection of a Parisian Amateur