Gaspard de CRAYER Anvers, 1584 - Gand, 1669
La Pentecôte
Vendu 26 000
€ [$]
Gaspard de CRAYER Anvers, 1584 - Gand, 1669
La Pentecôte
Huile sur toile
Un cachet de collection à la cire rouge et annoté 'C De Crayer' sur le châssis au verso
Pentecost, oil on canvas, inscribed, by G. de Crayer
Hauteur : 72 Largeur : 55 cm
Provenance : Collection privée, Lille ;
Vente anonyme ; Monaco, Christie's, 15 juin 1990, n° 28 ;
Collection particulière, Paris
Bibliographie : Hans Vlieghe, "Gaspar de Crayer : addenda et corrigenda", in 'Gentse Bijdragen tot de Kunstgeschiedenis', n° 25, 1979-1980, p. 194-195, fig. 38
Commentaire : " Jamais il ne vit l'Italie, ne copia point les grands modèles, et pourtant il égala presque Rubens pour la couleur, le surpassa dans le dessin, et on le place à côté de Vandick qui fut son ami (…) "
Cet éloge, de la plume du peintre Amaury-Duval, élève d'Ingres, fut écrit en 1829 et témoigne du prestige et de la renommée qu'avait encore Gaspard de Crayer en Europe au début du XIXe siècle. Surtout lorsqu'il est mis en perspective avec la faible considération que pouvait avoir le maître de Montauban pour les toiles flamandes du XVIIe siècle, lui qui demandait à ses disciples de se bander les yeux lorsqu'ils passaient devant les toiles de Rubens au Louvre.
Car Gaspard de Crayer ne fait pas partie de ces artistes oubliés après leur mort, puis renaissant au cours d'un XIXe siècle féru de redécouvertes prestigieuses, dont Vermeer et La Tour sont les meilleurs exemples. A côté de l'iconique triade anversoise de la première moitié du XVIIe siècle composée de Rubens, Van Dyck et Jordaens, Gaspard de Crayer fait office de " quatrième mousquetaire ", tant son talent fut unanimement apprécié et reconnu de son vivant. Il appartient alors à l'aristocratie de sa profession, celle des peintres de cour. Les commandes affluent. Portraits et surtout sujets religieux deviennent les moyens d'expressions de son pinceau vibrant, heureuse combinaison de la fougue rubénienne et de la rigueur van dyckienne.
Mais c'est bien au cours de ce XIXe siècle, véritable laboratoire de l'Histoire de l'art, que son nom fut un temps mis en retrait. Alors que la critique lui reconnaissait des vertus bien distinctives, telles que la science de la composition, de judicieuses inspirations ou encore la qualité technique de ses huiles, ces dernières semblent s'être retournées contre lui à une époque où l'on ne jure que par la capacité à rompre, la singularité ou l'expressivité. Il lui est alors arbitrairement reproché de ne pas être un grand inventeur. C'est après la Seconde Guerre mondiale que la lumière revint peu à peu. De nombreuses toiles majeures lui sont réattribuées au fil des années et le travail magistral de l'historien Hans Vlieghe contribua à rendre ses lettres de noblesse à notre artiste, de la parution du catalogue raisonné en 1972, à la superbe exposition organisée au musée de Flandre à Cassel il y a quelques mois1.
Notre toile, traitée dans un quasi-camaïeu gris bleu caractéristique qui rappelle la 'Résurrection du Christ' de Gand², constitue un brillant témoignage de l'importante production religieuse de l'artiste. Nous retrouvons dans cette œuvre, figurant l'épisode biblique de la Pentecôte, la singulière touche de notre artiste : ces visages ronds où les habiles rehauts de blanc librement inspirés de Rubens permettent la traduction des expressions, la douceur féminine s'opposant à l'exaltation masculine ; la chaleur de ces drapés à la fois fins et lourds, intelligemment détourés de bruns puissants donnant les volumes, ou encore ces touches de couleurs nuancées qui guident le regard du spectateur et donnent un sens de lecture à la composition.
1. 'Entre Rubens et Van Dyck. Gaspar de Crayer (1584-1669)', Cassel, musée départemental de Flandre, 30 juin - 4 novembre 2018
2. 'op. cit.', cat. exp., p. 108-109, n° 4.12
Estimation 20 000 - 30 000 €
Vendu 26 000 €
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