Corneille de LA HAYE, dit Corneille de LYON et atelier La Haye, 1500 - Paris, 1575
Portrait d'Antoine de Bourbon, roi de Navarre (1518-1562) et père du roi de France Henri IV
Vendu 52 000
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Corneille de LA HAYE, dit Corneille de LYON et atelier La Haye, 1500 - Paris, 1575
Portrait d'Antoine de Bourbon, roi de Navarre (1518-1562) et père du roi de France Henri IV
Huile et rehauts d'or et d'argent sur panneau de chêne
Une ancienne étiquette manuscrite avec la biographie de Henri III au verso
(Bords irréguliers)
Portrait of Antoine de Bourbon, king of Navarre, oil on panel, by C. de Lyon and workshop
Hauteur : 16,20 Largeur : 12 cm
Provenance : Vente anonyme ; Monaco, Sotheby's, 2 juillet 1993, n° 9 (comme huile sur toile) ;
Acquis chez Xavier Goyet, Marseille, en 1994, par les parents des actuels propriétaires ;
Collection particulière, Paris
Commentaire : L'œuvre tout entier de Corneille de La Haye - nom qu'il adopta lorsqu'il s'installa en France, mais il est bien plus connu sous celui de Corneille de Lyon - est constitué de portraits aux dimensions très réduites et à fonds colorés. Ce corpus est toutefois loin d'être parfaitement homogène. Non seulement la manière de l'artiste évolue avec le temps, mais elle s'adapte également aux commanditaires qui poussent la porte de son atelier. Les images presque de face des notables et riches marchands, traitées d'une main leste et jamais copiées, côtoient ainsi celles des gentilshommes et des dames de la cour, d'une mise en place plus conventionnelle et " clouetienne " et d'une réalisation plus attentive. Ces portraits d'aristocrates et de princes ont également en commun d'exister en plusieurs exemplaires de qualité fort inégale et sans qu'il soit toujours possible d'isoler celui réalisé directement d'après nature de ses répliques.
C'est à ce groupe qu'appartient notre portrait dont on connaît au moins sept autres versions de dimensions et qualité artistique variables. Il figure un jeune homme vêtu à la mode du tout début des années 1540. Son riche habit de cour se compose d'une chemise au col plissé, d'un pourpoint gris dont seul est visible le bord de l'encolure, d'un collet - vêtement de dessus montant jusqu'au cou, d'où son nom - cramoisi tracé de larges galons de velours et fermé par des boutons d'or, et, enfin, d'une chamarre de velours noir à mancherons bouffants ornée de galons d'argent. Sa tête est coiffée d'une toque noire plate garnie d'aiguillettes d'or, avec une enseigne illisible et un plumet blanc. Il a des yeux bleus et des cheveux blonds courts. Dans certaines répliques (Musée des Arts Décoratifs, inv. 40.216, tableau volé avant 1987 ; Musée Jacquemart-André, inv. 411 ; collection particulière), le modèle a également une barbe courte bifide à la toute dernière mode lancée par les jeunes princes Henri (futur Henri II) et Charles. Enfin, il arbore également le médaillon de l'Ordre de Saint-Michel.
La décoration permet de lever l'anonymat involontaire du modèle et d'abandonner l'identification à Gaston de Foix proposée par Anne Dubois de Groër à partir d'une annotation postérieure au revers de l'une des copies1. En effet, héros presque légendaire des guerres d'Italie au même titre que Bayard, Gaston de Foix mourut en 1512. Les dates s'opposent également à ce que ce soit ici l'un de ses descendants. Le modèle est à rechercher parmi les gentilshommes de l'entourage du futur Henri II reçu dans l'Ordre très jeune, autrement dit parmi les princes du sang. Le seul à avoir l'âge du modèle vers 1540 et avoir déjà été nommé dans l'Ordre est Antoine de Bourbon, duc de Vendôme et futur roi de Navarre, père de Henri IV. La comparaison avec le portrait du prince dans le 'Promptuaire des medalles 'de l'éditeur Guillaume Rouillé ou Roville, paru à Lyon en 1553, confirme cette identification2. On y reconnaît en effet sans peine notre tableau, car Rouillé avait puisé de nombreuses images dans l'abondante production de son concitoyen. En outre, ce portrait d'Antoine de Bourbon s'inscrit parfaitement dans son iconographie bâtie surtout par François Clouet. En peignant une nouvelle fois le roi une dizaine d'années plus tard, Corneille se référa à la fois au portrait officiel et à notre effigie dont il réutilisa les contours (Varsovie, Zamek Królewski, inv. ZLW/3912).
Si la manière virtuose de Corneille se reconnaît dans le visage et certains détails, si les rehauts d'or et d'argent attestent de l'importance de la commande, le pinceau semble souvent retenu, manquant de relief et de précision. Ceci confirme l'intervention de l'atelier dont on ignore tout sinon que l'artiste avait l'habitude de confier à ses aides la finition des répliques qui se distinguent notamment par la présence d'un dessin sous-jacent appuyé. C'est le cas dans notre panneau qui cependant s'avère de bien meilleure facture que les versions les plus ressemblantes conservées à Knowsley Hall et dans une collection particulière genevoise.
Nous remercions Madame Alexandra Zvereva de nous avoir aimablement confirmé l'authenticité de ce portrait par un examen de visu le 22 juillet 2020 et pour la rédaction de cette notice.
1. Anne Dubois de Groër, 'Corneille de La Haye dit Corneille de Lyon. 1500/1510-1575', Paris, 1996, p. 157, no 49.
2. Guillaume Rouillé, 'Promptuaire des medalles, commençant à la nativité de nostre Sauveur Jesus Christ, & continuant jusques au Treschrestien Roy de France Henri II. du nom, à present eureusement regnant', 2nde partie, Lyon, 1553, p. 247.
Estimation 40 000 - 60 000 €
Vendu 52 000 €
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