COMMODE D'ÉPOQUE LOUIS XV Estampille de Bernard Van Risen-Burgh dit BVRB II
Sold 119,600
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COMMODE D'ÉPOQUE LOUIS XV Estampille de Bernard Van Risen-Burgh dit BVRB II
En placage de satiné, marqueterie florale de bois de bout, ornementation de bronze ciselé et doré, dessus de marbre campan, la façade ouvrant par deux tiroirs sans traverse apparente, reposant sur des pieds cambrés, estampillée BVRB sur le montant avant gauche et avant droit ; une étiquette au dos numérotée 133, une marque à l'encre rouge Eit (…), et traces de coulures d'encre noire au dos
H. : 84 cm. (33 in.)
l. : 132 cm. (52 in.)
P. : 62 cm. (24 1/4 in.)
Bernard Van Risen-Burgh, dit BVRB II, reçu maître vers 1765
A LOUIS XV ORMOLU MOUNTED, SATINE AND BOIS DE BOUT FLORAL MARQUETRY COMMODE, STAMPED BY BERNARD VAN RISEN-BURGH CALLED BVRB II
Notre pièce appartient à un groupe relativement restreint composé de six commodes à deux tiroirs estampillées par Bernard II Van Risen Burgh, toutes ornées de parures de bronze doré quasi similaires, caractérisées par la présence d'un grand cartel violoné très typique centrant la façade, elle-même entourée, ainsi que les côtés, par un encadrement mouvementé de volutes à feuilles et fleurons d'acanthe et par des chutes ajourées identiques. A l'instar de notre commode, quatre d'entre elles sont ornées de branches à feuilles et à fleurs marquetées en bois de bout sur un fond de satiné formant chevrons disposés en losanges, dont une, conservée à Dresde (1) , semble avoir été offerte par la dauphine Marie-Josèphe de Saxe à son père Auguste III, roi de Pologne et électeur de Saxe, et trois autres se trouvaient sur le marché de l'art (2) . Une autre, marquetée de grands motifs chantournés en amarante sur un fond à chevrons de satiné et de bois de rose, qui porte la marque BV au feu et proviendrait de l'ameublement de Mme de Pompadour au château de Bellevue, a figuré en 1989 dans l'exposition De Versailles à Paris (3) . Enfin, une dernière, recouverte en laque de Coromandel, est conservée à New York, au Metropolitan Museum of Art (4) . Comme le remarquait Pierre Verlet au sujet de la commode de Dresde, elle " se situe à l'apogée du style rocaille " et son décor de bronze, exceptionnel dans l'œuvre de BVRB, laisse présumer " qu'elle fut l'objet d'une commande spéciale ", observations valables pour l'ensemble de ce groupe de commodes. En effet, stylistiquement, elles représentent l'aboutissement du modèle de commode à deux rangs de tiroirs et à cartel de bronze en façade élaboré par l'ébéniste pour la commode en laque du Japon qu'il exécuta pour le marchand Thomas-Joachim Hébert et que ce dernier livra en 1737 pour le cabinet de retraite de la reine Marie Leczinka, au château de Fontainebleau (5). A la différence de celle-ci, cette nouvelle forme violonée du cartel en bronze de notre commode, comme celles ornant tout ce groupe de meubles, s'harmonise d'une manière beaucoup plus subtile avec le jeu de courbes et contre-courbes des montants des pieds. Ce décor très raffiné, d'un parfait équilibre, constituerait ainsi une manière très personnelle de l'ébéniste de s'adapter au répertoire ornemental du rocaille symétrisé des années 1745-1750. Auteur de meubles d'une qualité exceptionnelle, Bernard Van Risen Burgh possédait également ses propres modèles de bronzes : peu influencé ou pas du tout par le nouveau goût grec qui sévissait à Paris après 1750, il continua à les utiliser pour sa production de meubles de style rocaille jusqu'en 1764, moment auquel il céda ses atelier et fonds de commerce à son fils Bernard III.
Fils de l'ébéniste du même nom originaire de Hollande, Bernard II Van Risen Burgh, naquit à Paris vers 1696, fit son apprentissage dans l'atelier paternel et obtint la maîtrise avant 1730. Il habita toute sa vie au Faubourg Saint-Antoine, d'abord rue de Reuilly, puis rue Saint-Nicolas et rue de Charenton. Cet ébéniste, qui décéda aux Incurables le 26 février 1766, avait travaillé exclusivement pour les plus importants marchands parisiens de son époque : il fournit dans un premier temps entre 1737-1750, Thomas-Joachim Hébert, qui livra certains de ses meubles à la famille royale, puis Lazare Duvaux, par l'entremise duquel ses créations rejoignirent les collections de la marquise de Pompadour, mais aussi François Darnault, Simon-Philippe Poirier, avec lequel il était en affaires avant 1753, ou Henri Lebrun (6) . Certainement, le propriétaire de notre commode au XVIIIème siècle doit se compter parmi les clients de l'un d'entre ceux-ci.
Hormis le roi et la cour, parmi les commanditaires le plus importants de BVRB figuraient Jean-Baptiste de Machault d'Arnouville (1701-1794), ministre d'Etat et contrôleur général des Finances et son père, Louis-Charles de Machault (1667-1750), conseiller d'Etat et lieutenant général de police, dont les collections de mobilier, qui comptent des pièces conservées portant son estampille, et d'objets d'art sont désormais bien connues (7) .
-1- Pierre Verlet, Les Ébénistes du XVIIIe siècle français, Paris, Hachette, 1963, fig. 4, p. 78
-2- Une vendue par Sotheby's, Londres 24 février 1956, reproduite par Pierre Verlet, Les Grands ébénistes, Paris, s.d., fig. 2 ; une seconde, vente à Paris, Mes Couturier-Nicolay, 26 mars 1984, n°58, puis Christie's, New York, 20 avril 2007, n°50 ; la troisième, provenant de l'anc. coll. Stratford de Redcliffe (Frank Park), Christie's, Londres, 27 juin 1974, n°94, puis Galerie Didier Aaron, Paris, par la suite Christie's, New York, 26 octobre 2001, n°400 et Christie's, New York, 23 octobre 2003, n°751.
-3- Cat. Expo De Versailles à Paris. Le destin des collections royales, Paris, Mairie du Ve arrondissement, 1989, n°75, p.242 ; elle appartenait alors à la Galerie Perrin, Paris.
-4- Inv. 1974.356.189.
-5- Paris, musée du Louvre, inv. OA 11193.
-6- Alexandre Pradère, Les ébénistes français de Louis XIV à la Révolution, Paris, Chêne, 1989, p.182-199.
-7- Vincent Pruchnicki, Arnouville. Le château des Machault au XVIIIe siècle, s.l., Eds. Lelivredart, 2013.
Estimation 100 000 - 150 000 €
Sold 119,600 €
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