Violante Beatrice SIRIES Florence, 1709 - 1783
Portrait du comte Claude Alexandre de Bonneval
Vendu 44 608
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Violante Beatrice SIRIES Florence, 1709 - 1783
Portrait du comte Claude Alexandre de Bonneval
Huile sur toile (Toile d'origine)
Annotée 'Violante Siries ne Cerroti Fece in Firenze an:o 1750' et 'Portrait du C.te de Bonneval Puis Bacha Ibrahim' au verso
Portrait of count Claude Alexandre de Bonneval, oil on canvas, inscribed, by V. B. Siries
Hauteur : 97 Largeur : 77 cm
Bibliographie : Fabio Sottili, "Il 'Ritratto del conte di Bonneval' di Violante Siries e le turqueries dei Sansedoni", in 'Prospettiva', n° 147-148, juillet- octobre 2012, p. 192-197, repr. fig. 2 et 4
Linda Falcone (dir.), 'La signora pittrice : Violante Siriès Cerroti (1710-1783)', Pise, 2016, mentionné p. 46
Commentaire : Il y a environ 10 ans fut redécouvert le portrait, fascinant à plus d'un titre, que nous présentons aujourd'hui1. Portrait d'un aristocrate limousin converti à l'islam et rentré au service des Ottomans, portrait exécuté par une femme peintre, portrait titré, signé, daté et resté dans un merveilleux état de conservation : cette huile sur toile a tout pour émerveiller l'amateur de peinture et d'histoire.
Claude Alexandre, comte de Bonneval (1675-1747), originaire du Limousin et militaire de carrière, participa à la plupart des campagnes militaires qui se déroulèrent en Italie au début du XVIIIe siècle. Abandonnant le service de la couronne de France pour commander sous les ordres impériaux du prince Eugène de Savoie, il quitte à nouveau l'armée impériale, se convertit à l'islam (allant jusqu'à la circoncision !), et se place au service du sultan Ahmed III sous le nom de Humbaracht Ahmed pasha, devenant dans la dernière partie de sa vie gouverneur de l'île de Chio. Individu fougueux et aventureux, son ardeur au combat traverse les frontières et sa personnalité originale le rend célèbre dans une Europe qui développait alors un goût affirmé pour " l'exotisme " et les " turqueries ".
La peintre Violante Siries évolue dans l'univers raffiné des manufactures grand-ducales de Florence. Son père Louis Siries y occupe un poste de directeur et son époux Giuseppe Cerroti y dirige des ateliers de sculpture. Comme la majorité des femmes peintres de son temps, Violante Siries réalisait principalement des portraits, des copies d'après les maîtres ou des petits tableaux à caractère sacré, souvent au pastel. Nombreuses sont les œuvres signées d'elle qui témoignent de la nature de son activité au service de grandes familles comme les Bardou, Capponi, Cerretani, Del Borgo, Gondi et ... les Sansedoni.
Divers documents datés entre 1738 et 1751 nous renseignent sur des paiements effectués par Orazio Sansedoni à Violante Siries pour des portraits à placer dans des résidences familiales2. Comme dans de nombreuses familles italiennes, les attaches avec Malte et le monde ottoman sont fortes, tant pour des raisons commerciales, stratégiques que militaires. Les archives familiales nous renseignent sur la commande au peintre Giovanni Domenico Ferreti par Francesco Sansedoni d'un portrait du comte de Bonneval qui aurait dû être livré en 1751, livraison qui ne fut jamais effectuée pour une raison inconnue. Nous savons en revanche que les dimensions de notre portrait par Violante Siries correspondent exactement à cette commande et ne savons pas dans quelle mesure elle remplaça Ferreti pour l'exécution de ce projet qui avait pour objectif d'installer à la villa della Selva un pendant au portrait de pacha Mustafa - pacha de Rhodes et chef du complot manqué visant à la prise de Malte en 1749 - exécuté entre janvier et mars 1750 par le même Giovanni Domenico Ferreti.
Notre portrait peint est à comparer avec le portrait dessiné que Liotard fit de Bonneval vers 1741 (fig. 1, Paris, musée du Louvre, cabinet des Arts graphiques, inv. RF1387). Sur les deux œuvres, le modèle porte le turban entourant un chef de velours matelassé et un grand kaftan bordé de fourrure. Liotard fréquenta Bonneval à Istanbul entre 1737 et 1742 et le dessin du Louvre nous touche par la véracité qui se dégage d'un portrait réalisé devant le modèle prenant la pose. À l'inverse, notre toile est exécutée après la mort du modèle et illustre ce dernier dans une posture idéalisée d'homme puissant et sûr de sa condition, au regard altier et à la posture dynamique légèrement de trois-quarts avec la main gauche posée avec assurance sur son ceinturon décoré à l'excès de pierres précieuses. Si le portrait de Liotard suscite l'admiration par sa sincérité et sa justesse, la toile de Violante Siries traduit une vision fantasmée d'un Orient terrible qui fait trembler la chrétienté en la défiant du regard.
1. Voir F. Scotti, 'op. cit.'
2. L. Bonelli, " L'inventario del 1773 e la collerions d'arts di Ottavio Sansedoni ", in F. Gabrielli (dir.), 'Palazzo Sansedoni', Sienne, 2004, p. 479-486.
Estimation 20 000 - 30 000 €
Vendu 44 608 €
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