Vente Maîtres anciens & du XIXe siècle - 13 novembre 2018 /Lot 7 Corneille de La Haye dit Corneille de Lyon (circa 1500-1574) Portrait d’un gentilhomme de la cour de François 1er
Corneille de La Haye dit Corneille de Lyon La Haye, vers 1500 - Lyon, vers 1574
Portrait d'un gentilhomme de la cour de François Ier
Huile sur panneau, doublé
Portrait of a man from the court of Francis I, oil on panel, by Corneille de Lyon
Hauteur : 16 Largeur : 14 cm
Provenance : Collection de la famille Vischer, Bâle, au XIXe siècle ;
Puis par descendance ;
Collection particulière de l'Est de la France
Commentaire : Inédit, ce qui ne le rend que d'autant plus exceptionnel, ce petit portrait figure un gentilhomme dans la force de l'âge vêtu avec toute l'élégance de la cour de François Ier de la première moitié des années 1540. Son habit noir est tracé de galons d'or et orné de détails d'orfèvrerie d'un grand raffinement : aiguillettes, perles, petits boutons carrés et enseigne vraisemblablement d'émail avec un motif calligraphique difficile à interpréter. Le collier de l'Ordre de Saint-Michel orne sa poitrine. L'homme a des cheveux bruns coupés courts, une longue moustache et une barbe soigneusement taillée qui se rapproche des barbes bifides des compagnons du dauphin Henri, futur Henri II. Ses yeux gris fixent le spectateur avec insistance, tandis que sa bouche parait esquisser un léger sourire.
Ce petit tableau fait partie de toute une série de représentations de gentilshommes et de dames datables, à en juger d'après les vêtements qu'ils portent, d'entre 1536 et 1545 environ, et qui constitue un moment fort dans la carrière de Corneille de Lyon. François Ier et sa cour séjournent en effet dans le Lyonnais durant de nombreux mois en 1536, puis bien moins longtemps en 1537, 1538, 1541 et 1542. Installé à Lyon depuis 1533, le portraitiste originaire de La Haye réussit à séduire cette clientèle exigeante et gagna les bonnes grâces du roi, mais surtout du dauphin Henri et de la dauphine, Catherine de Médicis, que Corneille eut l'honneur de peindre, tout comme Charles de France, duc d'Orléans, troisième fils de François Ier. Alors qu'il proposait aux bourgeois et aux marchands de la ville des petits portraits rapidement brossés, Corneille offrait à ces modèles de haute naissance des œuvres exécutées avec plus de soin et souvent en plusieurs exemplaires, puisque ces tableaux avaient vocation à circuler et suscitaient déjà l'admiration à la cour. Ceci explique l'existence de plusieurs versions de certains de ces portraits, dont ceux du duc d'Étampes, de Jean Albon de Saint-André, de Diane de Poitiers ou de Charles de Cossé-Brissac.
On connait ainsi deux autres versions de notre portrait, l'une, en mains privées et de qualité difficile à évaluer1, et l'autre, conservée au Museum of Fine Arts de Boston, d'une exécution brillante (inv. 24.264, huile sur panneau, 16,5 x 13,3 cm)². Ce dernier n'a pourtant pas la spontanéité de la touche d'Anne de Pisseleu, duchesse d'Étampes (Metropolitan Museum of Art) ou d'Anne de Montmorency (collection particulière). Le dessin sous-jacent qui, comme dans notre tableau, y transparaît par endroits permet de supposer que les deux œuvres possèdent un prototype commun, non localisé aujourd'hui. En même temps, le rendu plus attentif des détails vestimentaires dans notre panneau pose la question de la participation éventuelle d'un collaborateur de Corneille.
Si l'existence de ces variantes témoigne également de l'importance du personnage, son identité semble aujourd'hui difficile à découvrir. En effet, le nom d'Anne de Montmorency donné au portrait de Boston est à écarter : non seulement il n'est confirmé par aucune source documentaire ni annotation ancienne, mais surtout le visage de l'homme n'offre aucune ressemblance avec le connétable dont les traits sont bien connus. En outre, né en 1493, Montmorency avait presque cinquante ans à l'époque de la réalisation de ce portrait, tandis que notre modèle semble tout au plus trentenaire.
Or, il existe trois répliques postérieures de notre portrait, qui attestent par ailleurs de son succès certain et de sa diffusion large. La première est conservée au musée Crozatier du Puy-en-Velay et est annotée Portrait du maréchal Yves III d'Allegre (inv. D.69.4, huile sur toile). Les deux autres copies ornent la galerie des illustres du château de Beauregard près de Blois créée par Paul Ardier entre 1620 et 1638 : l'une porte la légende 'YVES DALEGRE' et fait partie du panneau consacré aux règnes de Charles VIII et Louis XII, l'autre (avec le visage tourné à gauche) est dite 'CLAUDE DE GUISE' et côtoie François Ier. Hélas, aucune de ces identifications ne semble pouvoir convenir : Claude de Lorraine, duc de Guise, était à peine plus jeune que Montmorency, Yves II d'Allègre est mort à Ravenne en 1512 et Yves III d'Allègre, né en 1523, ne reçut l'Ordre de Saint-Michel qu'en 1563.
Nous remercions Madame Alexandra Zvereva de nous avoir aimablement confirmé l'authenticité de ce portrait par un examen de visu le 2 octobre 2018 et pour la rédaction de cette notice.
1. A. Dubois de Groër, 'Corneille de La Haye dit Corneille de Lyon', Paris, 1996, p. 111, n°10A
2. 'ibid.', p. 109-111, n° 10
Estimation 200 000 - 300 000 €
Lot 7
Corneille de La Haye dit Corneille de Lyon (circa 1500-1574)
Portrait d’un gentilhomme de la cour de François 1er
Vendu 492 600 € [$]
Corneille de La Haye dit Corneille de Lyon La Haye, vers 1500 - Lyon, vers 1574
Portrait d'un gentilhomme de la cour de François Ier
Huile sur panneau, doublé
Portrait of a man from the court of Francis I, oil on panel, by Corneille de Lyon
Hauteur : 16 Largeur : 14 cm
Provenance : Collection de la famille Vischer, Bâle, au XIXe siècle ;
Puis par descendance ;
Collection particulière de l'Est de la France
Commentaire : Inédit, ce qui ne le rend que d'autant plus exceptionnel, ce petit portrait figure un gentilhomme dans la force de l'âge vêtu avec toute l'élégance de la cour de François Ier de la première moitié des années 1540. Son habit noir est tracé de galons d'or et orné de détails d'orfèvrerie d'un grand raffinement : aiguillettes, perles, petits boutons carrés et enseigne vraisemblablement d'émail avec un motif calligraphique difficile à interpréter. Le collier de l'Ordre de Saint-Michel orne sa poitrine. L'homme a des cheveux bruns coupés courts, une longue moustache et une barbe soigneusement taillée qui se rapproche des barbes bifides des compagnons du dauphin Henri, futur Henri II. Ses yeux gris fixent le spectateur avec insistance, tandis que sa bouche parait esquisser un léger sourire.
Ce petit tableau fait partie de toute une série de représentations de gentilshommes et de dames datables, à en juger d'après les vêtements qu'ils portent, d'entre 1536 et 1545 environ, et qui constitue un moment fort dans la carrière de Corneille de Lyon. François Ier et sa cour séjournent en effet dans le Lyonnais durant de nombreux mois en 1536, puis bien moins longtemps en 1537, 1538, 1541 et 1542. Installé à Lyon depuis 1533, le portraitiste originaire de La Haye réussit à séduire cette clientèle exigeante et gagna les bonnes grâces du roi, mais surtout du dauphin Henri et de la dauphine, Catherine de Médicis, que Corneille eut l'honneur de peindre, tout comme Charles de France, duc d'Orléans, troisième fils de François Ier. Alors qu'il proposait aux bourgeois et aux marchands de la ville des petits portraits rapidement brossés, Corneille offrait à ces modèles de haute naissance des œuvres exécutées avec plus de soin et souvent en plusieurs exemplaires, puisque ces tableaux avaient vocation à circuler et suscitaient déjà l'admiration à la cour. Ceci explique l'existence de plusieurs versions de certains de ces portraits, dont ceux du duc d'Étampes, de Jean Albon de Saint-André, de Diane de Poitiers ou de Charles de Cossé-Brissac.
On connait ainsi deux autres versions de notre portrait, l'une, en mains privées et de qualité difficile à évaluer1, et l'autre, conservée au Museum of Fine Arts de Boston, d'une exécution brillante (inv. 24.264, huile sur panneau, 16,5 x 13,3 cm)². Ce dernier n'a pourtant pas la spontanéité de la touche d'Anne de Pisseleu, duchesse d'Étampes (Metropolitan Museum of Art) ou d'Anne de Montmorency (collection particulière). Le dessin sous-jacent qui, comme dans notre tableau, y transparaît par endroits permet de supposer que les deux œuvres possèdent un prototype commun, non localisé aujourd'hui. En même temps, le rendu plus attentif des détails vestimentaires dans notre panneau pose la question de la participation éventuelle d'un collaborateur de Corneille.
Si l'existence de ces variantes témoigne également de l'importance du personnage, son identité semble aujourd'hui difficile à découvrir. En effet, le nom d'Anne de Montmorency donné au portrait de Boston est à écarter : non seulement il n'est confirmé par aucune source documentaire ni annotation ancienne, mais surtout le visage de l'homme n'offre aucune ressemblance avec le connétable dont les traits sont bien connus. En outre, né en 1493, Montmorency avait presque cinquante ans à l'époque de la réalisation de ce portrait, tandis que notre modèle semble tout au plus trentenaire.
Or, il existe trois répliques postérieures de notre portrait, qui attestent par ailleurs de son succès certain et de sa diffusion large. La première est conservée au musée Crozatier du Puy-en-Velay et est annotée Portrait du maréchal Yves III d'Allegre (inv. D.69.4, huile sur toile). Les deux autres copies ornent la galerie des illustres du château de Beauregard près de Blois créée par Paul Ardier entre 1620 et 1638 : l'une porte la légende 'YVES DALEGRE' et fait partie du panneau consacré aux règnes de Charles VIII et Louis XII, l'autre (avec le visage tourné à gauche) est dite 'CLAUDE DE GUISE' et côtoie François Ier. Hélas, aucune de ces identifications ne semble pouvoir convenir : Claude de Lorraine, duc de Guise, était à peine plus jeune que Montmorency, Yves II d'Allègre est mort à Ravenne en 1512 et Yves III d'Allègre, né en 1523, ne reçut l'Ordre de Saint-Michel qu'en 1563.
Nous remercions Madame Alexandra Zvereva de nous avoir aimablement confirmé l'authenticité de ce portrait par un examen de visu le 2 octobre 2018 et pour la rédaction de cette notice.
1. A. Dubois de Groër, 'Corneille de La Haye dit Corneille de Lyon', Paris, 1996, p. 111, n°10A
2. 'ibid.', p. 109-111, n° 10
Estimation 200 000 - 300 000 €
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